Les médias nous renvoient chaque jour une image de l’Homme où nous avons parfois du mal à nous reconnaître, tant il y est question de sa nature violente, prédatrice et destructrice. Et ces mêmes médias ne se sont jamais autant intéressés à définir la ou les "masculinités". Dont nous finissons tous par nous demander de quoi il s’agit... A croire que la féminité pourrait se définir plus facilement !
Alors qui sommes-nous, nous hommes du RHRA ? Avons-nous un message à délivrer au monde ? Sommes-nous meilleurs que d’autres ? Pourquoi sommes-nous si peu nombreux dans les Groupes de Parole ? Et surtout si impuissants à produire un discours "sexy" qui suscite l’envie de découvrir cette autre façon d’être Homme dont nous nous réclamons.
Et puis cette question centrale : ne serait-il pas plus important de poser des questions que de donner des réponses ?
En tant qu’homme, nous avons tous des images de nos pères : taiseux, patriarches, travailleurs, rigides et peu affectifs. Pour beaucoup d’entre eux, le sensible, l’émotion, l’amour, c’étaient les femmes, le "féminin" qu’ils "jugeaient" avec un regard où s’affichaient autant de respect que de mépris. Ils se voulaient hommes, solides, durs, courageux, virils, couillus.Nous venons tous de là ! Nous souffrons tous de cela ! Et cette souffrance nous empêche, nous retient, nous isole !
Les Groupes de Paroles d’Hommes ouvrent des espaces où chacun peut, en tout premier lieu, se sentir en sécurité pour s’exprimer.
Tout peut se dire ! Pour cela, le Groupe accepte un protocole où chacun sera gardien de lui-même et du groupe : personne ne coupe la parole à l’autre, personne ne juge, personne ne donne de conseil.
Juste être là, écouter, accueillir l’histoire et l’émotion de cet autre que je percevais si loin et que je découvre si proche... avec émotion !La part sensible des hommes, le "féminin" qui se libère, qui s’autorise, que je m’autorise quand je peux oser dire (la trouille au ventre parfois !) devant d’autres hommes ce que je vis est profondément libérateur. Je peux déposer ici, au centre du cercle, des peurs, des hontes, des violences subies ou exercées que je n’ai jamais pu dire nulle part ailleurs. Nulle part ailleurs !
Découvrir avec émotion que j’ai été écouté, que mon histoire résonne chez un autre.Et qu’en écho à mes propos, cet autre, devenu frère, va trouver le courage de parler de lui... dire l’indicible, le retenu ! Et permettre à un autre de libérer sa parole, de partager "avec" plutôt que de lutter "contre". Et découvrir que de groupe en groupe, nous apprenons à dire notre "vulnérabilité" et que c’est elle qui donne la vraie "puissance" du masculin que nous cherchons tous. Et que les femmes et le monde attendent de nous !
En vous conviant à l’AG, nous aimerions partager ce qui nous relie, ouvrir les débats, inviter d’autres hommes qui s’interrogent sur les mille et une façons dont ils se sentent hommes en ces temps difficiles.
Jean-Yves Catherin - février 2021